Manifestations, protestations, unité.
Nul doute que la Fédération syndicale mondiale (FSM) a dû être très active en Europe le mercredi 29 septembre, journée de grève générale, en Espagne notamment.
(Photo: Défilé du Premier mai à Paris en 2010, Fête internationale des travailleurs)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le quotidien Métro du 28 septembre 2010 rapporte que : « Le gouvernement roumain a été sérieusement secoué hier quand le ministre de l’Intérieur a remis sa démission à la suite de manifestations de policiers contre les mesures d’austérité engagées par le gouvernement. » Ces policiers dénoncent la baisse de 25% de leur salaire. Un prêt d’urgence de 26 G$ serait consenti par le Fonds monétaire international et de l’Union européenne en échange de baisses de salaire et des hausses d’impôts.
Le journal signale aussi que « les manifestations contre les mesures d’austérité se multiplient en Europe. En Slovénie (ex-Yougoslavie, ndlr), des milliers de policiers, de douaniers, de vétérinaires et de journalistes ont entamé hier une grève illimitée pour dénoncer l’intention du gouvernement de geler leurs salaires pendant deux ans. »
Rappelons la déclaration du Bureau politique du Parti communiste de Grèce (KKE) du 12 février 2010 : « Il est faux que ces politiques agressives et extrêmes [contre les droits acquis en matière de Sécurité sociale] ont été imposées par le gouvernement à l’instigation de l’Union européenne, sans que celui-ci l’ait voulu. […]
Pour la ploutocratie grecque (i.e. le grand Capital, ndlr) et ses partis (dont le parti socialiste au pouvoir, ndlr), l’alliance avec l’Union européenne concrétise la grande union, le support et le guide dans sa participation au pillage du peuple. »
(Photo SolidNet: Manifestation des travailleurs grecs devant le Parlement grec à Athènes en 2010)
Le Québec n’est pas en reste. Ainsi Métro, du 31 mars 2010, annonçait que : « Tous les secteurs sont mis à contribution pour réduire les dépenses de 1,2 G$ au cours du prochain exercice financier. […] Québec rationalisera aussi les dépenses des secteurs de la santé et de l’éducation, de manière à réaliser des économies totalisant 330 millions$ […] Le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale mettra aussi l’épaule à la roue, avec des compressions de 54 millions$. » À partir du 1er janvier 2012, la taxe de vente passe à 9,5%; celle sur les carburants est déjà majorée d’un cent depuis avril et d’un cent le litre pour les trois prochaines années. Il y aura une augmentation « de 3,7% des tarifs d’électricité pour la quasi-totalité des Québécois. […] Le gouvernement prévoit majorer de nouveau les frais de scolarité à compter de 2012. [À sa décharge] le gouvernement procède à une révision du régime des droits miniers, ce qui lui procurera des revenus additionnels de plus de 240 M$ d’ici 2012-2014. »
Le seul député, sur 125 députés, ouvertement de gauche (du parti Québec solidaire, ndlr) à l’Assemblée nationale, Amir Khadir, a répliqué : « Le gouvernement a choisi de faire payer les gens ordinaires les effets d’une crise provoquée par la haute finance. »
Lors d’une manifestation à Montréal, il y a quelques années, une retraitée avait dit à l’auteur de ces lignes : « On fait ça pour les jeunes; eux aussi, ils ont le droit de vivre. » Métro a relevé les propos du président de la Banque BMO, Jacques Ménard. D’après le quotidien : « Les jeunes d’aujourd’hui devront être plus productifs que leurs parents s’ils veulent maintenir leur niveau de vie. »
Pendant ce temps, le mouvement ouvrier organisé semble oublier que les travailleurs canadiens-français ne veulent d’abord et avant tout que le pouvoir de travailler partout au Québec en français, apprendre l’anglais (ainsi que de donner à leurs enfants la chance d’en faire autant), et enfin de vivre décemment dans une véritable confédération binationale où les Canadiens-français seront entre autres politiquement égaux aux Canadiens-anglais – l’unité dans l’égalité- en quelque sorte; évidemment avec le droit au divorce si les choses se passent mal dans le « couple ».
C’est très triste et décevant que face à la crise mondiale, au besoin d’unité, le mouvement syndical au Québec saute les pieds liés, dans le camp nationaliste opposé à ceux qui sont prêts à payer pour que leurs enfants apprennent l’anglais : il s’agit principalement de Canadiens-français et d’immigrants : « Jamais nous n’accepterons que l’épaisseur du porte-monnaie de certains puisse fragiliser la pérennité de la langue française au Québec », a indiqué la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), selon Webdo Info du 23 septembre 2010.
La solution? Puisque la langue n’est pas le fond du problème, il faut ouvrir les portes à un système scolaire démocratique, progressiste, gratuit et accessible, - en français ou en anglais-. Pour la petite histoire, rappelons que la chef du Parti québécois, opposition officielle au parlement, Pauline Marois, ne parle pas anglais… en Amérique du Nord.
Vraiment, les nationalistes veulent nous faire avaler toute une couleuvre! La Fédération syndicale mondiale (FSM) apportera sûrement dans notre Amérique boréale un souffle ouvrier nouveau et moderne.
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