vendredi 3 décembre 2010

LE PARTI LIBÉRAL SUR LA CORDE RAIDE

LES TRAVAILLEURS CONTRE LE CAPITALISME
vol. 1, no. 27

On ne peut pas dire maintenant que les travailleurs du monde occidental soient largement en faveur du communisme. Mais quelque part dans la nuit, lors de cette écriture, vient à l’esprit que certes la classe ouvrière est de moins en moins en faveur du capitalisme. Et il y a de quoi. « Les Canadiens qui gagnent le mieux leur vie et qui représentent 1% de la population du pays ont empoché près de 14% des revenus déclarés en 2007, conclut une étude du Centre canadien des politiques alternatives, qui est basée sur les déclarations de revenus. »
Le journal Métro qui rapporte cette nouvelle, le 2 décembre, poursuit : « C’est tout le contraire de ce qui se passait dans les années 1940, quand les personnes les plus riches étaient essentiellement des entrepreneurs qui faisaient fortune grâce aux revenus de leur compagnie, et non grâce aux bénéfices décidés par un conseil d’administration et des actions ».
On ne pourra en vouloir à la jeunesse de se révolter contre cette réalité. Quel avenir le grand Capital leur réserve-t-il? Le journal de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), Ultimatum Express, dénonce les projets de privatisation des campus qui visent « la maximisation des profits ». Ils ont frais dans leur mémoire la récente crise financière. Ils doutent que « les marchés » puissent guider le véritable progrès dans la société. L’ASSÉ, ce n’est pas tout à fait un groupuscule. Elle s’étend à l’échelle du Québec avec près de 42 000 membres, étudiants de collège ou d’université; elle se veut la continuatrice du radicalisme étudiant, né il y a plus de 40 ans; on parle donc de notre Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ) qui a gagné les conditions actuelles d’études, notamment un certain gel des frais de scolarité.
Comme l’indique une association locale de sciences humaines : « cette année, la campagne de l’ASSÉ sera contre la privatisation, la tarification et les compressions dans les services publics [ils s’opposent] à toute hausse des frais de scolarité, dans une perspective de gratuité scolaire. Un tel projet nécessite un système d’impôts progressifs sur le capital des entreprises ».
(Photo Internet: Tim Buck a longtemps dirigé le Parti communiste du Canada qui a joué un rôle plus qu'important dans la démocratisation du Canada, et le développement économique, politique et social de la classe ouvrière du pays).

DANS LE MONDE
À l’échelle internationale, « les militants, les cadres et les leaders de la FSM (Fédération syndicale mondiale, ndlr) ses organisations membres, ses bureaux régionaux, associations et organisations professionnelles […] font face avec les travailleurs, et avec les peuples du monde aux attaques du grand Capital contre les droits et les intérêts de ces derniers et de leurs gains sociaux. » Ils ne veulent pas faire les frais de la crise du système capitaliste. (Reflects, FSM, #2, Octobre 2010, p. 4-5, en langue anglaise).
L’Europe au cœur : l’Allemagne
Quand le Capital ne peut plus gouverner comme d’habitude, il lui reste la dictature scabreuse, brutale et violente qu’est le fascisme. Étudions le cas de l’Allemagne. « Le membership du Parti communiste allemand (PCA) s’était accru de beaucoup, jusqu’à 360 000 membres en février 1932, soit trois fois plus que trois ans auparavant. Le 6 novembre 1932, eurent lieu les élections au Reichstag. Le PCA reçut environ six millions de voix, soit 600 000 de plus qu’aux élections du 31 juillet 1932; et 100 sièges –au lieu de 77- au Reichstag. Les Nazis avaient perdu deux millions de voix [Le secrétaire général du PCA, Ernst Thaelmann] rassembla autour du parti révolutionnaire la classe ouvrière pour le socialisme. » Il révéla les liens entre « le fascisme et le grand Capital ». Il appela à la formation d’un puissant bloc antifasciste, unissant les communistes, aux social-démocrates. Ceux-ci refusèrent. S’ensuivit la provocation : le feu au Reichstag que les Nazis se dépêchèrent d’attribuer aux communistes (de mauvaises langues ont établi un parallèle avec les tours du World Trade Centre de New York et la guerre au « terrorisme », ndlr)!
« Le 3 mars 1933, le chef du parti communiste d’Allemagne […] fut arrêté. » Malgré tout, il a maintenu un certain lien épistolaire jusqu’en 1935 avec la Komintern; d’où est né le nom de ce bulletin.
« Quand l’Armée soviétique a franchi la frontière et commencé la libération de l’Europe, les fascistes et Hitler en personne, rageant de haine animale et dans la crainte du châtiment, ont ordonné l’exécution du communiste Thaelmann. On l’a tué dans la nuit du 18 août 1944 dans le camp de concentration de Buchenwald. » (Mysl, no. 4, Moscou, p. 1-2, en langue russe).
Les travailleurs allemands ont été les premières victimes des Nazis. On les a trompés outrageusement. On n’a cessé de traquer les progressistes. Même ces dernières années, tout a été fait et financé par les Konzerns germaniques, les milieux dirigeants des USA, avec la complicité des néo-capitalistes de Russie pour embobiner et dévoyer la conscience du peuple de la République démocratique allemande –l’Est, et jeter à bas, non pas un mur à terre, mais bien le socialisme sur le sol allemand; bien sûr ce pays avait ses faiblesses et ses déficiences, mais il avait réussi à éradiquer le fascisme, garantir la sécurité de chacun, le travail pour tous et des programmes sociaux que les travailleurs et chômeurs (ainsi que la jeunesse) regrettent amèrement aujourd’hui. Le socialisme n’est pourtant pas une vue de l’esprit pour la classe ouvrière allemande.
Ainsi, le journal du Parti communiste allemand (PCA), Unsere Zeit, affirmait : « Karl et Rosa (Liebknecht et Luxemburg, ndlr) se prononcent aussi comme Karl Marx, Frédéric Engels et Vladimir Lénine pour la solidarité internationale du mouvement communiste, pour l’Internationalisme, également nous voulons réitérer cette prise de position au début du Nouvel An (2010, ndlr). Nous faisons partie de ces presque 200 partis communistes et ouvriers à travers le monde. » (UZ, 42. Jahrgang, Nr. 1, Essen, 8. Januar 2010, en langue allemande).
Le même journal disait deux semaines plus tard : « Le 13 février, une action de masse aura lieu sous la bannière de : ‘Combattons-les résolument- Ensemble bloquons-les!’ Contre la marche organisée dans la ville de Dresde. Chaque année des milliers de néo-nazis marchent dans les rues de Dresde. Le prétexte est le bombardement de la ville par les Alliés en février 1945. La large alliance antifasciste : ‘No pasaran’ se mobilise contre cette marche. » (UZ, Nr. 3, 22 Januar 2010, en langue allemande).
En 1934, Joseph Staline, en présentant le Rapport du Comité central au 17ème Congrès du Parti communiste de l’URSS avait signalé que : «… on sait, au cours de la première guerre impérialiste, on voulait anéantir l’une des grandes puissances, l’Allemagne et s’enrichir à ses dépens. Qu’en est-il résulté? Ils n’ont pas anéanti l’Allemagne, mais ils y ont semé une telle haine contre les vainqueurs et créé un terrain si propice à la revanche, que, jusqu’à présent, ils ne peuvent encore, et je pense qu’ils ne pourront de longtemps encore se tirer de et ignoble pétrin dont ils ont eux-mêmes pétri la pâte. »
Retour au Québec
Bon, c’est bien beau toute cette incursion dans l’histoire, mais à quoi ça rime : Staline, Thaelmann, et tutti quanti? S’interrogeront, non sans raison, la plupart des lecteurs.
Depuis des mois, La Vie Réelle et Pour la KOMINTERN now! analysent la scène québécoise et il appert maintenant que les critiques à l’égard du Parti libéral du Québec et de son chef Jean Charest ne visent pas le progrès, l’essor économique au Québec. Les mass média ont fait leurs choux gras des scandales (i.e. des allégations de trafic d’influence dans la nomination des juges, des tractations douteuses entre le monde interlope et le gouvernement dans l’octroi des contrats de construction, pour ne mentionner que ces cas qui ont éveillé la colère du peuple québécois).
Le Parti québécois, ancré dans le nationalisme étroit et s’appuyant sur des notions en faveur du grand Capital... désormais, mais sous le couvert de la social-démocratie, veut récupérer à tout prix la grogne populaire. D’autres mouvements font monter les enchères et courtisent à qui mieux mieux les grands milieux d’affaires. Ceux-ci, bien que dans le sillage des monopoles nord-américains, espèrent se ménager une place de choix dans les estrades du pouvoir économique en Amérique du Nord, surtout dans le milieu financier et aussi dans la possibilité de se créer des marchés pour certains produits finis au Québec, tout en continuant l’exportation de l’énergie à bon marché pour les géants de l’industrie états-unienne.
Bien sûr, les communistes ne font pas leur tasse de thé des malversations et de la gabegie, mais ils ne croient pas qu’il faille déshabiller Paul pour habiller Jacques. En un mot : le Parti québécois ne fera pas mieux que le Parti libéral. Toutefois, la séparation de la classe ouvrière n’augure rien de bon pour les travailleurs québécois ni pour les travailleurs canadiens-anglais. La politique des communistes est claire : ouvrons le contrat de mariage et établissons pour de bon l’égalité des partenaires. Ce ne sont pas les esprits échauffés et particulièrement déstabilisants des nationalistes qui sauveront la mise. Ils font parti du problème.
(Photo Internet: le premier député communiste élu à Montréal, après la 2ème Guerre mondiale; affiche pour sa ré-élection).
Un parti de centre-gauche comme le Parti libéral du Québec, qui a une longue expérience, est capable de redorer son blason; mais il doit accepter, tacitement à tout le moins, que le vrai parti de l’opposition dans la société québécoise, soit le Québec solidaire, se taille une meilleure place à l’Assemblée nationale. La Vie Réelle ne détient pas la vérité absolue et peut errer, mais ses principes de justice sociale, de progrès économique et de libertés politiques lui font dire que les électeurs du Parti libéral du Québec partagent des repères démocratiques nombreux et importants avec les communistes.

On ne peut accepter la politique du pire au nom du changement vers l’itinérance économique et des positions à courte vue face à la crise financière. Par contre, comme en Europe, les travailleurs n’ont pas à faire les frais de cette crise. Ils n’ont pas à être coincés dans le fanatisme idéologique des nationalistes du Parti québécois. Quant aux autres mouvements, la droite extrême peut toujours se les garder. Voilà, La Vie Réelle ne peut être plus claire!
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