lundi 25 octobre 2010

MOSCOU - UN AMOUR ÉTERNEL

vol. 1, no. 17

Je regardais une émission de variétés françaises sur la chaîne internationale francophone TV5. Un jeune jongleur russe s’est acheminé face à l’écran et a présenté son numéro. Quel brio, certes! Mais la musique qui accompagnait ce tour de force, eh bien c’était une chanson de Charles Aznavour, Un amour éternel (Vechnaia Lioubov).

Je fus saisi d’une grande émotion. Oh, Moscou! Qu’es-tu donc devenue? Toi qui as fait de moi un homme, toi qui m’as éduqué en tant que communiste, dans l’espace de deux voyages. Le premier à l’été 1977, alors que je venais d’être réélu à l’Exécutif de l’Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ) en tant que secrétaire à l’information de cette fédération qui regroupait 110 000 membres; le second fut toute une épopée, qui a duré sept beaux mois.

Car, en janvier 1979, je partis pour l’Union soviétique, un peu à l’aventure, pour étudier à l’École supérieure de formation des cadres des partis communistes près du Comité central du Parti communiste de l’URSS. Oui, le nom est plutôt long. Entre nous, on disait : l’École du parti. J’étais moi-même un membre du Parti communiste du Canada.
(Photo Internet: Le Kremlin de Moscou et la Place Rouge).
Moskva, n’est-ce pas ainsi qu’on t’appelle en russe, tu m’as accueilli, recueilli et instruit? Quand je suis revenu à Montréal, je vivais à distance avec toi : une liaison heureuse, tes succès étaient nos succès; mes succès. Tu étais généreuse. Tu as reçu tous les exilés de la Terre : les Espagnols de la République, les Grecs de la Résistance et les Chiliens du socialisme et j’en passe.
Et puis est venue cette nouvelle qui m’a frappé et encore frappé, comme un coup de poignard au cœur. Les sbires de l’horreur reprenaient ouvertement le contrôle. On t’a violé Moskva. Ton voile virginal a été souillé et lacéré. Quelle douleur! Nous ne pouvions rien faire, nous du Canada. Comme beaucoup, nous avons cru que la « démocratie » s’installait. Ce fut un leurre…
Mais ce n’était que le dernier épisode du retour vers le capitalisme, cheminement qui avait été adopté après la mort de Joseph Staline dans les années 1950. J’entends les détracteurs : tiens un fidèle du culte de la personnalité. Qu’est-ce que je peux répondre à cela, si ce n’est que dans mon pays, il y avait Maurice Richard, un homme du peuple, qui fut un joueur de hockey hors-pair, je dirais même plus qu’excellent et qui vit toujours dans nos mémoires? Il n’a pas terrassé l’hydre nazie. Il n’a pas conquis la paix, mais on le vénère.
Le Premier ministre de Grande-Bretagne, Winston Churchill, a dit de Staline qu’il « était empreint d’une énergie extraordinaire, c’était un érudit, avec une volonté forte, inflexible, impitoyable au travail de même que dans les discussions et que, moi-même, malgré toute ma science du Parlement anglais, je n’aurais pu contredire en rien. La force active de son travail était si grande, chez lui, qu’il constitue un cas unique, parmi tous les chefs d’État de tous les temps et de tous les peuples. […] Lorsqu’il entrait dans le hall de la conférence de Yalta, chacun de nous, comme si on nous l’avait commandé, se levait et, de façon surprenante, gardait les mains sur les coutures des pantalons tout en restant immobile. Il possédait une intelligence profonde. […] Non, quoi que l’on dise de lui, ni l’histoire ni les peuples ne l’oublieront. » (Staline, le plus grand stratège militaire de la seconde guerre mondiale et de tous les temps, Discours de Hysni Milloshi, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste d’Albanie, 2003, cité dans Northstar Compass, Montréal, édition française, vol. 8, no.3, mai-juin 2010, p. 31).
(Photo Internet: vue de l'intérieur du Kremlin de Moscou, siège du pouvoir d'État, sur le fleuve Moskva).
Les évènements malheureux des années 1980-1990 en Union soviétique m’ont précipité dans le deuil et dans une grande souffrance intérieure. Tout ce que je pouvais faire, c’était de continuer d’étudier ta langue, le russe. J’espérais tant que ça change.
Je t’avoue que j’ai douté. Les mass média ont déversé leur fiel contre pratiquement tout ce que tu avais entrepris au nom du socialisme; en même temps, c’est le Parti communiste de mon pays qui titubait et « perdait des plumes ».
Et puis, j’ai senti le besoin d’aider les camarades états-uniens dans la reconstruction de leur parti. On m’a parlé là-bas du Conseil international pour l’amitié et la solidarité avec le peuple soviétique. J’ai hésité. Excuse-moi, Moskva; mais chat échaudé, craint l’eau froide. J’ai tâté le terrain. Première constatation : il manquait de jeunes. Dis-moi, suis-je trop vieux à 53 ans?
Pourtant, je t’aime mieux et plus qu’avant, Moskva. Nous n’avons plus rien à nous cacher. Tu me connais et moi de même. Le temps de la séduction est derrière nous. Nous pouvons vieillir ensemble et nous avons encore de belles années comme on dit ici. Alors, si tu veux bien et si tu me laisses y aller à mon rythme, nous pouvons –non pas revenir à la case départ-, mais repasser dans les sentiers qui ne sont pas vraiment oubliés et redécouvrir cette profonde unité qui a jadis fait ta force.
Je lis davantage sur toi, sur notre Joseph et j’essaie d’ameuter mes amis et connaissances. Il me semble que nous serons nombreux, jamais trop, au rendez-vous. Fais-moi confiance, Moscou, celle dont je voudrais sauter au cou. Tu es généreuse, tu verras que tes amants toujours plus hardis et fidèles clameront : vive Moskva!
(Photo Internet: station du métro de Moscou, construite à l'époque de Joseph Staline).
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1 commentaire:

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