LE STATU QUO MINORITAIRE ET PARALYSANT
Le sondage Nanos- La Presse indique qu’un parti politique un peu spécial (inattendu il y a encore quelques années) s’est de nouveau glissé sur la scène politique; il s’agit du parti « Épée de Damoclès ». Il régit les normes, fait la pluie et le beau temps et contourne tous les arrangements traditionnels. En effet, les Canadiens maintiennent l’imbroglio en placant à égalité le Parti conservateur (en principe au pouvoir) et le Parti libéral (dans l’antichambre de ce même pouvoir). Ils ont respectivement 33,3% et 32,8% des opinions exprimées.
Le grand capital canadien est conscient de l’impasse, même s’il peut se réjouir du recul du Nouveau parti démocratique (socialiste) qui passe de juin à septembre 2010, de 20.7% à 15.6%; mais ça ne comble pas la dent creuse. Au Québec, le Bloc québécois (nationaliste et social-démocrate) a toujours le vent dans les voiles avec le soutien de 40.7% des personnes interrogées. Il se paie même la fantaisie d’augmenter légèrement le pourcentage pendant l’été par presque deux points, le Parti libéral du Canada (proche rival) ne recueille que 27.3%.
Le quotidien montréalais La Presse, - du 8 septembre 2010-, hasarde, abordant la baisse des appuis au Parti conservateur : « La décision du gouvernement Harper d’abolir le caractère obligatoire du formulaire long du recensement et la gestion des sommets du G8 et du G20, entre autres, pourraient expliquer cette baisse… » C’est vrai en partie, mais la raison principale ne serait-elle pas que le gouvernement fédéral s’est contenté de gérer le pays au profit des grandes sociétés économiques de notre voisin du sud, évitant tout leadership novateur pour la population canadienne?
Les jeunes sont les premiers à sentir que le Canada ne leur offre aucune opportunité et qu’ils n’ont pas de défis à relever, d’avenir en quelque sorte. La Presse estime que ce sont les conservateurs « qui se sont tirés dans le pied à quelques reprise dans certains dossiers... », sans toutefois les mentionner. Quand les Canadiens ont éconduit les Libéraux, ils voulaient des changements profonds et un gouvernement propre. Ils n’ont jamais voulu de retour vers l’arrière : re-criminalisation de l’avortement, réclusion des jeunes contrevenants dans les pénitenciers et autres politiques rétrogrades.
Les lecteurs auront remarqué que les électeurs des grandes villes sont généralement plus ouverts, plus « libéraux ». Alors, notons que dans les trois plus grandes villes du Canada : Montréal, Toronto et Vancouver, –le tiers de la population du pays-, le Parti conservateur n’a aucune assise solide. Pourtant, ces centres urgains sont la pierre d’assise de l’économie et du développement social.
Les valeurs des citadins sont généralement plus avant-gardistes; leur nombre et leur concentration favorisent la protestation. S’ils ne peuvent l’emporter aux élections, ils voteront avec leurs pieds (que ce soit pour la paix ou pour des mesures de progrès économique).
Les grands milieux d’affaires le savent très bien. Mais le parti « Épée de Damoclès », (tous auront compris qu'il s'agit à vrai dire des indécis et des ambivalents, fort nombreux), les a à l’œil. Il n’est pas dit que cela ne profitera pas éventuellement au Parti communiste du Canada. C’est ce qui est arrivé historiquement dans les pays européens. Les ouvriers se lèvent tôt pour aller travailler et gagner leur croûte. Maintenant, ils comparent les politiques de chacun des partis en lice. Ils acquièrent de l’expérience.
Les Allemands ne disent-ils pas que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt?
danieleugpaquet@yahoo.ca
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